SERBIE | 3 | 1 | France |
créit texte actu sur site FFVB, Auteur A.C., à Ankara
Pour son troisième match de l'EuroVolley 2019 lundi à Ankara, l'équipe de France féminine s'est logiquement inclinée face à la Serbie tenante du titre et championne du monde, mais en réussissant à lui prendre un set (25-19, 25-13, 17-25, 25-23). Place désormais à la Finlande mardi pour un match capital dans la course aux 8e de finale.
La marche était trop haute, mais ça, les Françaises le savaient bien avant de se frotter ce lundi à Ankara à ce qui se fait aujourd’hui de mieux sur la planète volley, la Serbie, championne d’Europe et du monde en titre. Le mot d’ordre avant la rencontre était avant tout de se faire plaisir et de profiter de l’instant, extrêmement rares étant les occasions pour une équipe comme la France, 39e au classement mondial, d’affronter un adversaire de ce calibre.
A l’arrivée, il a parfaitement été respecté, puisque, dans deux configurations différentes, l’équipe-type au premier set (Nina Stojiljkovic à la passe, Alexandra Dascalu pointue, Juliette Fidon et Helena Cazaute en bout de filet, Christina Bauer et Léandra Olinga au centre, Amandine Giardino libéro), puis un sept totalement changé dans les trois suivants (Mallory Caleyron à la passe, Manon Moreels et Odette Ndoye aux ailes, Juliette Gicquel à la pointe, Pauline Martin et Amandha Sylves au centre, la toute jeune Juliette Gelin, 17 ans, en libero), les joueuses d’Emile Rousseaux ont réussi à poser des problèmes à leurs prestigieuses rivales, au point de leur prendre une manche, la troisième (25-17), grâce à un 10-0 dont elles se souviendront, alors que les n°1 mondiales pensaient filer vers une victoire en trois sets. Les Tricolores ont même cru un moment pousser les partenaires de la star Tijana Boskovic (14 points en deux sets) au tie-break, puisqu’elles ont mené 19-16 dans la quatrième manche, mais la blessure au genou droit de Manon Moreels survenue juste avant ce point, a cassé leur belle mécanique, permettant aux tenantes du titre de renverser la vapeur et de remporter le set (23-25) et le match.
Si la France n’a finalement pas pris de point, les motifs de satisfaction à l’issue de la rencontre sont nombreux pour le coach Emile Rousseaux : il a d’abord vu ses titulaires rivaliser dans le premier set avec leurs adversaires, les Françaises ayant deux fois mené de cinq points (6-1, 11-6) grâce à une grosse solidarité défensive, de la variété en attaque et une bonne qualité de service. Avantage qu’elles ont conservé jusqu'à 19-16, poussant le coach serbe Zoran Terzic, jusqu’ici stoïque, à se lever de son banc pour commander un temps mort. La réaction des championnes du monde a alors été brutale, sous la forme d’une série au service de Bianka Busa qui a mis à mal la réception tricolore, jusqu’ici impeccable, les Serbes enchaînant neuf points de rang pour empocher cette manche initiale sur un bloc de Brankica Mihajlovic (19-25).
Autre motif de satisfaction pour l’entraîneur des Bleues : les très bonnes entrées de son trio de l’IFVB (le Pôle France junior) Amandha Sylves (8 points)-Manon Moreels (6 points)-Juliette Gelin, les trois jeunes (18 ans pour les deux premières, 17 ans pour la dernière) ayant su profiter de l’opportunité que leur a offerte le Belge pour montrer que oui, elles pouvaient aspirer à de grandes choses à condition de continuer à travailler. "Dans leur tête, elles pensaient jouer contre des monstres, après ce match, elles vont se dire qu’elles sont un peu moins monstres qu’elles ne le croyaient, cette gestion émotionnelle des grands événements est quelque chose qui ne s’apprend pas à l’entraînement, ça se vit", se félicitera à l’issue de la rencontre Emile Rousseaux, tandis que Juliette Gelin et Amandha Sylves avaient les yeux qui pétillaient, tout à leur bonheur d’avoir su se montrer à la hauteur pour cette plongée dans le très grand bain.
Bref, après la claque grecque de dimanche, le moral est à la hausse pour les partenaires de Lucille Gicquel qui, elle aussi, après une préparation perturbée par les pépins physiques, a réussi peu à peu à se lâcher (12 points), reste maintenant à enchaîner mardi face à la Finlande, un match sans doute décisif dans la perspective de la qualification pour les huitièmes de finale (les quatre premiers de la poule passent au tour suivant). Face à la Grèce, les Bleues avaient eu du mal à retomber de leur petit nuage après leur victoire contre la Bulgarie, cette fois-ci, il faudra y rester sous peine de voir les chances de qualification quasiment anéanties.
Les réactions :
Emile Rousseaux, entraîneur de l'équipe de France : « J’avais dit avant le tournoi que les attitudes étaient essentielles. Je suis content de la capacité des filles à rebondir après la lourde défaite contre la Grèce. Dans le premier set, jusqu’à 19-19, on a fait jeu égal avec l’équipe première de la Serbie. Après, on a un trou, on saute en réception sur la même rotation, sur le service de Busa, mais ça nous a montré que si on tient en réception, on a nous aussi des qualités pour ne pas être systématiquement balayés par des équipes comme ça. C’était déjà le cas contre la Bulgarie. Ensuite, ce qui est sympa, c’est la prestation de la deuxième équipe, avec trois filles de 18 ans sur le terrain, qui a aussi tenu la dragée haute aux Serbes, avec d’autres arguments, ça cadre parfaitement avec le projet 2024 qui est de donner une première expérience à ces filles. En revanche, la blessure de Manon (Moreels) est très dommageable, parce qu’on était dans la bonne vague, je crois qu’on aurait pu prendre un deuxième set sans ça, certes contre leur équipe réserve, mais moi aussi, j’avais mon équipe réserve, plus jeune et avec moins de qualités physiques. »
Juliette Gelin, libéro de l’équipe de France : « Je suis contente pour Dada (Amandha Sylves), Manon (Moreels) et moi, même si le point noir c’est la blessure de Manon, parce que c’était cool de jouer dans cette salle, avec cette ferveur et ce niveau alors qu’à l’année, on était à l’IFVB, c’est énorme et ça fait chaud au cœur. Je ne réalise pas trop, peut-être que je comprendrai dans dix ans, je suis juste un peu dégoutée, parce qu’à la fin, j’ai manqué ma défense et mes réceptions, je sais ce que j’ai à travailler, mais je sais aussi que j’ai fait de bonnes choses et que j’ai servi l’équipe. Je vais aller voir Emile pour le remercier de m’avoir fait confiance, si je suis ici sur le terrain, c’est grâce à lui, parce que pas tous les coaches auraient donné leur confiance à une libéro de 17 ans, je lui en serai toujours reconnaissante. »
Amandha Sylves, centrale de l’équipe de France : « Au début, on se disait qu’il fallait prendre du plaisir parce que ce n’est pas tous les jours qu’on affronte les championnes du monde, et c’est ce qui s’est passé, on a vu qu’avec leurs titulaires, on a réussi à les embêter, après Emile nous a fait rentrer pour nous confronter au vrai haut niveau, c’est magnifique. J’avais dit à une amie qu’on allait servir d’entraînement aux Serbes, je ne pensais pas du tout leur prendre un set, je suis choquée ! On s’est peut-être un peu emballées dans le quatrième set, mais elles ont plus d’expérience que nous, elles savent se comporter dans ce genre de situation. Mais franchement, quand on met de l’envie, du dynamisme, c’est juste magnifique, c’est ça que j’aime dans le volley, ce n’est pas seulement être à l’école, c’est aussi être extravertie, faire la fofolle ! »